🧱 Quand LEGO s’est presque perdu : la leçon d’une transformation vivante
- Bernard Tollec
- 16 oct.
- 4 min de lecture

👉 Ce blog post est écrit pour montrer qu’une véritable transformation ne naît pas de la rupture, mais de la capacité à relier continuité et nouveauté comme nous invite l'Appreciative Inquiry - à l’image de LEGO, qui a retrouvé sa vitalité en renouant avec son ADN.
Et si innover ne voulait pas dire rompre ?
Innover, changer, se réinventer… ces mots sont devenus des injonctions dans le monde du travail.Mais trop souvent, les organisations confondent nouveauté avec rupture.Elles effacent leurs racines pour “faire moderne”, au risque de perdre ce qui faisait leur force.
L’histoire de LEGO illustre ce paradoxe à la perfection. Au début des années 2000, la marque danoise est au bord de la faillite.Pourtant, c’est en retrouvant le sens vivant de sa continuité qu’elle renaîtra - une transformation exemplaire, très proche de ce qu’on appelle aujourd’hui une transformation vivante.
🔍 Le faux pas de LEGO : quand la nouveauté oublie ses racines
À la fin des années 1990, LEGO veut moderniser son image. La direction pense que les enfants se détournent des briques, fascinés par les jeux vidéo et les figurines articulées.Résultat : avalanche d’innovations.
On lance :
des parcs d’attractions coûteux,
des jeux vidéo LEGO sans briques,
des jouets électroniques qui ne se construisent plus,
et des licences à tout-va (Star Wars, Harry Potter, etc.) sans cohérence globale.
La nouveauté est bien là… mais déconnectée de l’ADN profond de la marque.Les coûts explosent, la rentabilité s’effondre. En 2004, LEGO affiche 1,9 milliard de couronnes danoises de pertes : la plus grave crise de son histoire.
Ce que LEGO vit alors, beaucoup d’entreprises le connaissent :👉 une innovation sans ancrage, une fuite en avant qui épuise au lieu de vivifier.
🌱 Le moment de bascule : redécouvrir ce qui donne vie
C’est là que l’histoire prend un tournant appréciatif. LEGO décide de s’arrêter, observer, écouter.Des ethnographes partent à la rencontre des enfants pour comprendre : qu’est-ce qui les fait vibrer vraiment ?
L’une de ces observations deviendra légendaire.Un petit garçon montre fièrement sa chaussure de skate complètement usée :
“Regarde, j’ai travaillé dur pour user cette semelle. Ça prouve que je suis un bon skateur.”
Ce détail réveille quelque chose : le jeu n’est pas qu’un divertissement.C’est un moyen d’expression de la maîtrise, de la fierté, de la créativité.
Cette prise de conscience devient le pivot de la transformation. LEGO redécouvre son cœur vivant — ce que l’Appreciative Inquiry appellerait son positive core :
ce qui donne vie à l’organisation quand elle est à son meilleur.
🧩 La renaissance : une transformation vivante
Entre 2004 et 2008, LEGO entame une véritable mue, mais sans tout détruire.L’entreprise ne parle plus de “changer”, mais de retrouver son essence.Elle agit sur trois dimensions : continuité, nouveauté, transition.
🔵 Continuité : revenir au sens fondateur
LEGO revient à ses briques, à la simplicité, à l’imagination.Moins de pièces différentes, moins de complexité industrielle.L’idée : “ne jamais s’éloigner de ce que les enfants peuvent construire de leurs mains.”
🟢 Nouveauté : innover à partir du vivant
Plutôt que de fuir le passé, LEGO invente de nouveaux ponts :
LEGO Ideas, où les fans proposent leurs propres modèles,
Mindstorms, qui combine construction et robotique,
et plus tard, LEGO Serious Play, une méthode de créativité managériale née de cette culture du “faire ensemble”.La nouveauté se greffe sur la racine, au lieu de la remplacer.
🟣 Transition : une transformation qui apprend
LEGO apprend à naviguer entre ancien et nouveau.L’entreprise simplifie, écoute, expérimente, puis ajuste.C’est une transformation vivante : adaptative, apprenante, enracinée.
💬 Ce que l’Appreciative Inquiry nous apprend du cas LEGO
L’Appreciative Inquiry (AI) est une méthode de transformation née à la Case Western University (David Cooperrider, Diana Whitney).Elle repose sur une idée simple :
“Les organisations évoluent dans la direction des questions qu’elles se posent.”
Au lieu de se demander “Quel est notre problème ?”, LEGO s’est demandé :
“Quand sommes-nous au meilleur de nous-mêmes ?”
Cette bascule d’attention change tout.L’énergie quitte le registre du déficit (“ce qui ne marche plus”) pour aller vers la vitalité du possible (“ce qui donne vie”).C’est exactement le cœur d’une transformation vivante :
Appréciative, parce qu’elle part des forces existantes.
Participative, parce qu’elle implique les acteurs.
Contributive, parce qu’elle relie les talents à un projet plus grand.
🔁 Leçon universelle : ne pas confondre rupture et régénération
L’histoire de LEGO n’est pas qu’un cas industriel ; c’est une parabole du vivant.Elle nous rappelle que les systèmes humains — entreprises, écoles, institutions — ne se transforment pas durablement en reniant ce qu’ils sont, mais en renouant avec ce qui les rend vivants.
La continuité nourrit la confiance. La nouveauté réveille l’élan.Et la transition crée le passage entre les deux.
Ces trois dynamiques sont le moteur d’une transformation durable.C’est le contraire d’un “plan de changement” descendant : c’est un mouvement organique, évolutif, porté par le sens.
🌿 Trois questions pour ta propre organisation
Si tu veux t’inspirer de LEGO pour ta transformation (personnelle ou collective),pose-toi ces trois questions appréciatives :
Continuité – Qu’est-ce qui mérite d’être préservé, car c’est la source de notre force ?
Nouveauté – Quelles idées ou élans émergent aujourd’hui et nous donnent envie d’avancer ? Transition – Comment relier les deux sans casser le lien, mais en créant un passage vivant en se focalisant sur les ressources présentes, plutôt qu'en se focalisant sur les écarts à combler.
Ces trois questions forment un réflexe simple, presque organique, pour garder ta transformation vivante.
🔗 Conclusion : et si on arrêtait de “changer” ?
LEGO nous apprend qu’une transformation réussie n’est pas une révolution,mais une reconnexion. Une reconnexion à ce qui nous anime, à ce qui nous rend fiers, à ce qui donne du sens.
C’est là que la transformation devient vivante : quand elle honore le passé, fait place au futur, et relie les deux par un mouvement humain, participatif et inspiré.


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